— Jérôme Maillet
— 25 nov 26 fév 2022
Abysses
Jérôme MAILLET
Artiste
Dessins, multiples, soie
Nantes
Abysses
Nous sommes heureux de vous présenter l’ exposition A b y s s e s de l’artiste Jérôme MAILLET,
présentée du 25 novembre 2021 au 26 février 2022 à l’espace MIRA.
L’artiste y présente une nouvelle série de dessins et de sérigraphies sur papier, verre et soie.
Pour cet évènement, MIRA éditions est heureux d’éditer un nouveau foulard en sergé de soie, à partir d’une création de l’artiste,
imprimée au cadre par l’artisan sérigraphe Pierre Verdon de l’atelier Parades à Nantes.
Un concert de du groupe Mohair prévue le 16 décembre est reporté au 25 février 2022, pour une soirée rock – psyché – wool !!
ABYSSES
Matières et paysages mouvants.
Instantané où l’horizon et la profondeur se choquent.
Vision trouble de ce qui semble connu.
Déceler alors des formes de paysages qui prennent place dans des profondeurs aléatoirement lumineuses.
Obscurité.
Immersion dans un abyssal décor où se déploie une collection perdue.
Matières et paysages immobiles.
ABYSSES
Longtemps les humains ont considéré l’océan comme un gouffre insondable, et le mot abyssos, qui signifie littéralement « sans fond », porte en lui l’impossibilité de penser les limites de cette masse immense. En intitulant son exposition Abysses, l’artiste Jérôme Maillet aborde pareillement un élément qui échappe en permanence, une forme vivante et mouvante, qui modèle les choses entrant en contact avec elle, et les dérobe aux regards en les immergeant dans ses grandes profondeurs : la mer, matrice des abysses, dotée d’une force tranquille qui sculpte les paysages.
STRANDIR
Un lieu en Islande sert de point de départ à plusieurs compositions : il s’agit de la côte de Strandir, une plage de 30 km de long située au nord du pays, et jonchée de grands troncs qui proviennent de Russie, portés par le Gulf Stream. Blanc et délavé, poli par les flots, ce bois s’échoue toujours en cet endroit, connu comme réserve à matériau de construction pour les Islandais. Par le ressac qui lentement sculpte et émousse, la mer agit sur les contours : elle simplifie et essentialise. Pareillement, Jérôme Maillet tente de penser les objets par les bords, et les œuvres Tumulte, Dérive ou Courant restituent l’enveloppe disparue d’un galet ou d’une branche, comme une aura fantômatique retrouvée. Dans ces images, les plus paisibles possibles, l’angle devient rondeur.
AUTO CONSTRUCTION I & II 21×29,7cm chaque / dessin au stylo et encre de chine / papier Ursus 300gr
ONDE
Quelle est la limite entre le paysage familier et connu dans sa partie émergée, et celui qui plonge parfois sous l’eau, oblitéré ? Chaque hiver, dans le village où il vit, Jérôme Maillet observe fréquemment l’eau recouvrir de grandes parties du paysage et le modifier complètement. Il a voulu appliquer cette énergie de fluctuation aux deux extrêmes que sont le paysage de la mer et celui de la montagne. En résulte une série de sérigraphies qui mettent en lumière une cime ou un détail végétal, et maintiennent en pause le reste du paysage : un flux de clarté effleure et caresse les reliefs, et l’horizon devient mouvement, écho du ressac de la mer. Ligne magique, l’horizon suggère l’ailleurs et permet d’accéder à l’au-delà fantasmatique de l’image. Dans les zones d’ombre, Jérôme Maillet satisfait son désir du flou : par le recours au lavis ou au vernis qui émousse le trait, il laisse se fluidifier les formes, qui s’imprègnent de légèreté alchimique et lorgnent vers le règne aérien et gazeux.
Vue de l’exposition Abysses, photo Jérôme Blin
AU FOND, DOUCEUR ANTIQUE
Dans le flou, toujours, l’artiste convoque la mémoire et les traces du passé, et ces enjeux mémoriels s’articulent fortement avec des questions de matérialité et de techniques. Toute une partie de l’exposition présentée à l’espace MIRA explore la question des collections à jamais perdues, dilapidées au fond de l’eau. Enfant, l’artiste était fasciné par les reportages de plongées en grande profondeur, ces images où les plongeurs manipulent des objets bousculés dans leur grand sommeil, et le moment critique où l’objet remonte à la surface, est déposé sur le pont du bateau et nettoyé de ses scories sous-marines. Poétique et magique, l’image de l’objet oublié laisse la place à une réalité brutale et crue.
Dans l’exposition, la série des visages antiques, très doux, revisite ce souvenir : les visages surimposés y vibrent, comme lorsqu’on nage les yeux grands ouverts sans lunettes de plongée. Pour obtenir cet effet tremblé, l’artiste a dû sortir de sa zone de confort graphique, et aller vers une économie du dessin, dans un geste plus brusque et instantané.
Ces compositions stratifiées rappellent assez directement les merveilleuses Transparences de Francis Picabia : ce dernier, pour éviter l’ennui que lui cause les tableaux qui lui apparaissent « comme congelés en surface immobile », multiplie entre 1924 et 1932 les compositions en couches multiples, qui défient la perspective traditionnelle pour créer ce que Marcel Duchamp décrira comme une «troisième dimension sans recours à la perspective». Dans le même état d’esprit, Jérôme Maillet fait danser les lignes : les cinq plaques de verre sérigraphiées d’Éclipse II, disposées dans un caisson en bois, prolongent ces jeux de feuilletages, avec des points de focales et des percées dans la matière, pour combiner des phénomènes de transparences aux phénomènes d’occultation, association entre le visible et l’invisible, entre le temps et l’espace.
ECLIPSE 70x100cm / sérigraphie 6 passages / 12 ex. / papier Old Mill 350gr
GRANDE BLEUE
Face à l’océan, à le regarder pour le représenter, Jérôme Maillet s’est souvent posé la question de la fragmentation : comment amener plusieurs lectures sur cette immense masse à la fois trop simple et hyper complexe ? La couleur joue un rôle important dans cette traduction des variations infinies du motif marin. Ainsi, de même qu’il incorpore dans la nature même du dessin les perceptions visuelles éprouvées dans la matière marine, l’artiste multiplie les approches chromatiques, avec des nuances subtiles de verts, de bleus, de terre d’ombre et de contours noirs. Du bleu céruléen à l’émeraude, de l’aigue-marine au vert opaline, l’exposition imprègne l’ensemble des paysages de ce nuancier étendu, et trouve peut-être son point d’orgue dans le foulard Abysses, délicate association de bleu nuit, vert menthe à l’eau et ivoire. Un carré de soie qui serait comme un coin où se blottir au calme, dans un cocon minéral et végétal, en immersion dans la couleur.
Éva Prouteau, critique d’art
Foulard ABYSSES 85x85cm / impression au cadre par Pierre Verdon / 3 passages / 50 ex. / sergé de soie 72gr tissé en France / finitions roulotté main / MIRA éditions
Les oeuvres multiples et le foulard sont disponibles à la vente sur l’eshop.
Jérôme Maillet
S’il dessine depuis toujours, le travail de Jérôme Maillet reste marqué par son parcours d’architecte.
Né en 1979, il se forme à l’ENSAAMA / Olivier de Serres à Paris et complète son cursus à l’École d’Architecture de Nantes, où il vit depuis.
Jérôme Maillet cherche à extraire, dans ce qu’il observe, l’élément qui sera porteur d’universel pour se créer de nouveaux cadres de perception.
Le rapport de l’homme à son territoire est une composante récurrente dans les images qu’il produit. Il explore ainsi nos imaginaires collectifs et nos manières de nous projeter dans un espace pour composer de nouveaux récits.
En atelier ou en dehors, son travail s’articule autour du dessin et de ses champs d’expérimentation. Dessin unique, multiple, échelles et matériaux varient selon le contexte d’intervention. Cette liberté donne l’occasion d’inventer de nombreuses collaborations.
Jérôme Maillet est un artiste dont le travail est visible toute l’année à l’espace MIRA, nous lui avons consacré plusieurs accrochages notamment avec les séries « FRACAS » et « BERCAIL », ainsi que deux résidences et expositions intitulée REPAIRE et RÉSERVE en duo avec l’artiste Macula Nigra.